Notre existence a t-elle un sens? 14-2) L’homme non-neuronal deuxième partie
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nidhalguessoum.org -Notre existence a-t-elle un sens? :lecture de Nidhal Guessoum
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Exergue: « Seul l’esprit, s’il souffle sur la glaise, peut créer l’homme.« Antoine de Saint Exupéry, dernière phrase de Terre des hommes.
Dans les deux articles Notre existence a-t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie, et Notre existence a t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie), nous avons vu les positions de scientifiques et de philosophes sur le problème de la conscience. Pour certains, le cerveau produit la conscience alors que d’autres pensent que ce n’est pas le cas. Nous sommes passés de positions les plus réductionnistes et matérialistes à des positions plus nuancées où le cerveau est bien plus qu’un « paquet de neurones ». Quelles sont les positions les plus crédibles? C’est ce que nous avons commencé à examiner dans l’article « l’homme non neuronal partie 1) » par des analyses qui portent non sur la vision, l’audition ou des maladies, mais sur la nature de la conscience et des questions telles que le libre arbitre ou la création de sens. Dans le chapitre 1): « Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?« , nous avons eu la première preuve qu’il n’y a pas une identité complète entre les processus neuronaux et les états mentaux ainsi que l’affirme libet (consulter « Esprit es-tu là?« ). D’après les tracés, le moine ne réagissait plus aux stimulis extérieurs, donc l’observation de son état neuronal ne permet pas de déduire son état mental, ce qui est un démenti de la théorie de l’identité entre ces deux états.
Fig 1: sciencetonnante.wordpress.com -cerveau et l’aire motrice supplémentaire |
ST Augustin, un des 1ers à parler de Libre arbitre |
La question de l’existence du libre-arbitre est une grande question philosophique dont la science moderne avait semblé sonner le glas avec l’élimination de l’âme ou de toute entité transcendante. En effet, si en dernière analyse, nous ne sommes que des processus physico-chimiques, nos actes sont déterminés par eux. Nous avons l’impression de faire des choix en toute liberté mais cela doit être une illusion. Et cela d’autant plus que Hans Helmut Kornhuber a mis en évidence que, près d’une seconde avant qu’un sujet effectue un geste, un « potentiel de préparation motrice » apparaît dans l’aire motrice dans l’aire motrice supplémentaire (SMA), voir Fig 1). Pourtant, on n’a pas l’impression qu’il se passe une seconde entre le moment où on décide d’appuyer sur un bouton et le moment où on effectue ce geste. 1983: Expérience fondatrice de Benjamin Libet pour éclaircir la situation. Dans l’expérience, on vous place devant une horloge qui défile rapidement, et on vous donne un bouton sur lequel vous pouvez appuyer au moment qui vous plaira. La seule chose qu’on vous demande c’est de retenir le nombre indiqué par l’horloge au moment où vous prenez votre décision d’appuyer. Dans le même temps, des électrodes placées sur votre crâne suivent votre activité cérébrale. On constate (Fig 2) que le potentiel de préparation commence une seconde avant l’acte, mais que le sujet rapporte qu’il a décidé d’appuyer sur le bouton à un moment qui correspond au sommet du potentiel de préparation, environ 0,2 seconde avant l’acte. Puis l’acte a lieu (début du mouvement), une décharge de potentiel se produit, la courbe passe « sous la barre » (en négatif), signe que le geste a été effectué. Pour l’ensemble des matérialistes « c’est la preuve que le libre-arbitre n’existe pas. Quand nous croyons avoir décidé d’appuyer sur le bouton, cela fait déjà 0,8 seconde que notre cerveau a décidé de le faire, mais nous n’en sommes pas conscients! ». Mais Libet ne s’est pas arrêté là: il a identifié les potentiels de préparation avortés pour lesquels le tracé commençait de la même façon mais où l’acte n’a pas été effectué ( le tracé n’est pas descendu dans la partie négative, il est resté au-dessus de la droite de base). Si on interroge le sujet sur ce qui s’est passé, il dit qu’il qu’il a l’impression d’avoir failli appuyer sur le bouton et puis finalement, de s’y être opposé. Or, le moment où il dit avoir changé d’avis correspond au sommet du potentiel de préparation motrice (sur la Fig 1), soit 200 ms (ou 0,2 seconde) avant l’acte, dans le cas dans le cas où il appuie sur le bouton et dit qu’il décide de le faire. De plus, le potentiel de préparation se développe initialement dans les deux hémisphères, alors qu’au final une seule main bouge et, 0,2 seconde avant l’acte, il se « latéralise », il disparaît dans l’hémisphère correspondant à la main qui ne va pas bouger, alors qu’il se développe dans l’autre. Il se passe donc bien quelque chose de fondamental 0,2 seconde avant l’acte: je « Je », le « moi » a a le choix de « laisser courir » ou de stopper des processus qui ont été commencés sans lui. Quotidiennement nous faisons des mouvements sans en être vraiment conscients, comme c’est le cas, par exemple, du mouvements de nos mains au cours d’une discussion agitée. Mais nous pouvons reprendre le contrôle en ne bougeant plus nos mains. Donc le libre-arbitre n’est pas une illusion. C’est en quelque sorte un droit de veto sur des actes potentiels que que nous n’avons pas initiés nous-mêmes. Il est plus limité que prévu et l’alcool ou les drogues fragilisent certainement ce droit en laissant nos pulsions inconscientes se manifester. Pour l’illustrer, on peut utiliser la métaphore de l’arbitre. En parlant d’un match de football, on pourrait dire (tout comme Changeux qui déclare qu’on n’est que des paquets de neurones) que c’est 44 pieds et 4 mains tapant dans un ballon et rien d’autre. Mais il y a un élément supplémentaire: l’arbitre. Il ne joue pas et ne tape pas dans le ballon, mais son rôle, c’est de laisser jouer, sauf dans les rares moments où il siffle, mais c’est un rôle essentiel (à la fin du match, c’est en général l’arbitre et non les joueurs qui prend les canettes sur la tête). Remplaçons arbitre par « âme » ou « esprit » et on peut alors comprendre pourquoi cette deuxième expérience de Libet est aussi cruciale que la première. Bien sûr on ne peut pas objectiver l’inobjectivable et on ne peut pas voir l’esprit. Mais on peut, indirectement, déduire l’existence de quelque chose qui s’impose aux processus neuronaux parce que certains potentiels de préparation avortent, tout comme on peut, déduire l’existence d’un arbitre en observant qu’a certains moments du match, les joueurs s’arrêtent tous en même temps, même si on ne le voit pas. Quelle conclusion raisonnable tirer de ces expériences (le libre arbitre eixste-t-il?)? Chez les scientifiques et les philosophes il n’y a aucun consensus quant à leur interprétation. Pour certains comme Patrick Haggard, le libre-arbitre n’existe tout simplement pas, il affirme « We feel that we choose, but we don’t ». Pour d’autres, au contraire, ces expériences n’ont aucune valeur, « Circulez ya rien à voir!« . Une position intermédiaire raisonnable c’est d’admettre que ces expériences montrent au moins que nos intentions ne sont pas systématiquement à l’origine de nos actions. Les processus inconscients jouent peut être un plus grand rôle que nous ne pouvions le penser, et la conscience d’une décision est un phénomène qui se construit au cours du processus de décision, pas à son origine. Libet a précisé, lors d’une discussion avec Jean Staune: « mon expérience est plus en faveur de l’éthique juive que de l’éthique chrétienne. » Il a rajouté: « Parce que pour les chrétiens, on a péché dès que que l’on a eu une mauvaise pensée. Mon expérience montre que c’est trop demander à l’homme que de contrôler des choses qu’il ne peut contrôler. Mais en revanche, on est responsable de ses acte. Et pour l’éthique juive, on est coupable non pas à cause des pensées que l’on peut avoir, mais seulement si l’on a mal agi.« liens: wikipedia.org -Libre arbitre sciencetonnante.wordpress.com -1983 : L’expérience fondatrice de Benjamin Libet jung-neuroscience.com -Benjamin Libet et le libre-arbitre philosophie.philisto.fr -Le problème du libre-arbitre philitt.fr -Le problème du libre arbitre chez Schopenhauer scienceshumaines.com -Les mécanismes de la volonté 2) L’homme, un animal porteur de sens.
psychoweb.fr -corps calleux |
Qu’est-ce qui différencie l’homme de l’animal? Le langage, l’utilisation des outils, l’altruisme? on retrouve ces caractéristiques chez les animaux, y compris le langage pour lequel certains chimpanzés peuvent manier certains symboles. Pour Ernst Cassirer, l’homme n’est pas seulement un être organique et spirituel, mais un être qui demande et fabrique du sens. La relation de l’esprit et du corps doit être elle-même restituée dans le champ du sens. Une expérience montre qu’il semble que l’homme possède une caractéristique unique: Le besoin impératif que ses actes aient un sens. L’expérience a été faite pour soigner et soulager des patients ayant des crises d’épilepsie dans les deux hémisphères cérébraux. Il s’agit de séparer les deux hémisphères en sectionnant le corps calleux (faisceau d’axones, (fibre nerveuse qui correspond au prolongement long, mince et cylindrique du corps cellulaire d’un neurone) interconnectant les deux hémisphères cérébraux et constitué de 200 millions de fibres nerveuses). Un petit nombre de patients a subi cette opération qui a donné des résultats positifs. Hormis quelques bizarreries mineures de comportement, ils ont pu reprendre une vie normale. Le neurospsychologue Michael Gazzaniga, qui travaillait au début de sa carrière avec Roger Sperry, a mis au point plusieurs dispositifs permettant d’étudier les différences fonctionnelles des deux hémisphères, chez ces patients. Il a réalisé l’expérience suivante (voir le cerveau social): Un patient au cerveau sectionné (split brain) doit regarder un écran en fixant un point noir se trouvant au centre. Un capteur fixé sur ses yeux fait que s’il bouge, l’écran s’éteint. On lui demande alors de montrer de la main la carte, qui, parmi celles disposées devant lui, correspond à l’image qu’il va voir: on projette alors deux images différentes dans les deux parties de l’écran (par exemple une image représentant une voiture dans la neige devant une maison avec un bonhomme de neige, l’autre étant la patte d’un coq). Le sujet a une double réponse avec ses mains qui pointent sur deux des images disposées devant lui (par exemple une pelle à neige avec la main gauche et un coq avec la main droite). Il faut se rappeler que l’aire du langage se trouve dans l’hémisphère gauche. Or, tout est croisé chez l’homme: l’hémisphère gauche contrôle la partie droite du corps et l’hémisphère droit, la partie gauche. Le champ visuel (les deux images projetées, paysage de neige et patte d’un coq), a donc projeté dans le cerveau gauche l’image de la patte d’un coq, et le cerveau gauche a donné l’ordre à la main droite de montrer la tête du coq (une des images disposées devant le sujet). Quand on lui demande d’expliquer sa réponse, il répond: « vous m’avez coupé le cerveau en deux, mais je ne suis pas encore débile! Vous me montrez une patte de coq, je vous montre la tête. » Mais si on lui dit « …mais pourquoi montrez-vous cette pelle avec votre main gauche?« . Il bafouille un peu et répond « Les coqs vivent dans les poulaillers et ils font des saletés. Il faut nettoyer… par association d’idées, j’ai également désigné la pelle. ». Ce n’est bien sûr pas la raison, c’est parce que le cerveau droit ayant reçu du champ visuel gauche (l’image placée devant le sujet) l’image de la voiture dans la neige, il a donné à la main gauche l’ordre de montrer la pelle à neige. Le cerveau droit, qui agit sur la main gauche le sait, mais ne peut l’exprimer. Alors que le cerveau gauche peut parler, mais ne connait pas la raison de cet acte. Il va en inventer une et y croire dur comme fer! Si au lieu du paysage de neige on met le message « partez, l’expérience est terminée« , le sujet se lève et s’en va. Et si on lui demande: « pourquoi partez-vous?« , il bafouille et répond un prétexte comme « J’ai envie d’aller aux toilettes » et il en sera toujours persuadé même si on le réinterroge plus tard.
Le dualisme semble être l’hypothèse la plus féconde pour expliquer les données provenant des neurosciences, mais le paradigme dominant à l’heure actuelle interdit d’envisager toute réalité non physique, ce qui bloque les recherches potentiellement fructueuses, de même que dans les sciences de l’évolution (dans lesquelles des milliers de chercheurs étudient la drosophile qui n’a pas vraiment évolué depuis 50 millions d’années dans l’espoir de comprendre les mécanismes de l’évolution). Cet interdit a pourtant déjà volé en éclats dans les domaines de la physique , de l’astrophysique et des mathématiques comme nous le verrons dans l’article suivant: « une voie rationnelle vers le monde de l’esprit », domaines dans lesquels on peut découvrir un ou plusieurs niveaux de réalité hors du temps, de l’espace, de l’énergie et de la matière. Le dualisme évoqué ici diffère de la conception classique de cette notion selon laquelle conscience et matière seraient deux choses totalement séparées. En fait, ce que nous avons vu pour la physique incite à penser que la conception la plus en en accord avec nos connaissances est celle selon laquelle conscience et matière proviendraient d’une substance unique qui serait antérieure à la « scission sujet-objet » (expression de Bernard d’Espagnat) que Schrödinger a évoqué dans « l’esprit et la matière« . « Il était bien placé pour mesurer tout à la fois la nécessité et le coût exorbitant de l’acte fondateur des savoirs objectifs: le retrait ou, plus précisément, l' » Elision » du sujet connaissant. Tout notre savoir s’édifie sur la scission sujet-objet: penser, parler, observer, expérimenter se fait dans l’ordre de la séparation : je me donne un objet dans un champ défini, je l’observe du dehors« . « La conscience est ce par quoi il peut y avoir un sujet qui se présente et un objet représenté. par elle s’opère la scission sujet-objet. Le sujet doué de conscience se pose comme un sujet, un Je, en face d’objets. Il n’est pas dans le monde (parmi les choses), il fait face au monde et tout ce qui constitue ce monde: moi, autrui, les choses et il se met à exister comme objet de représentation« . Cette substance unique serait située au-delà de l’espace, du temps et de l’énergie. Pour conclure cet article, on peut dire que conscience et matière ne sont pas contradictoires. Elles sont complémentaires au sens de Bohr. Ce dernier, s’est confronté au réalisme d’Einstein mais il avait certainement eu l’intuition de ce dualieme de la connaissance. Pour terminer, je conseille la lecture des articles du blog elishean.fr qui apporte un point de vue qui me semble intéressant: elishean.fr -La Naissance de la Conscience dans L’Effondrement de L’Esprit – Partie 1/3 elishean.fr -La Naissance de la Conscience dans L’Effondrement de L’Esprit – Partie 2/3 elishean.fr -La Naissance de la Conscience dans L’Effondrement de L’Esprit – Partie 3/3
Autres liens: wikipedia.org -Dualisme_(philosophie) wikipedia.org -Dualisme_(philosophie_de_l’esprit) guykarl.canalblog.com -de la scission sujet-objet sergecar.perso.neuf.fr -Karl Jaspers: le moi inséparable de l’objet et l’englobant jjeanzin.fr -Sujet-Objet (de Descartes à l’écologie) michel.bitbol -L’esprit et la matière, précédé de L’élision par M. Bitbol, chapitre.com -Erwin Schrödinger: L’esprit et la matière; l’Elision lemondedesreligions.fr -Dieu et la science: Bernard d’espagnat et divers penseurs staune.fr -Le-réel voilé de Bernard d’Espagnat larecherche.fr -Bernard d’espagnat, le physicien du réel voilé
prochain article: Une voie rationnelle vers le monde de l’esprit (la voie mathématique)